La légende rapporte que Mathilde de Toscane, suzeraine du comte de Chiny, propriétaire des terres d'Orval, avait un jour par mégarde, laissé choir son anneau nuptial dans l'eau de la Fontaine. Dans son émoi, elle adressa une prière fervente à Notre-Dame. Et aussitôt, une truite, émergeant de l'onde, lui rapporta le cher bijou. La comtesse se serait écriée alors : Vraiment, c'est ici le Val d'Or". De là seraient nés le nom et les armes d'Orval. En 1070, les moines de l'ordre de Saint-Benoit ont inauguré à Orval la vie de prière, d'étude et de travail qui, durant plus de huit siècles s'y poursuivit à travers de fortunes diverses. La révolution française en 1793, détruisît les bâtiments et dispersa les moines. Ce n'est qu'en 1926, après 133 ans d'abandon, que le Val d'Or a vu refleurir la vie en des édifices nouveaux, qui continuent l'ancienne tradition. La vie des moines aujourd'hui comme jadis, se passe totalement en commun. Personne n'a de chambre sauf les malades. Tous les moines, même les supérieurs sont logés dans un dortoir commun, sur une paillasse. Dans le vieux cloître se voit encore les ruines de la fontaine où les moines se lavaient les mains avant de se mettre à table. Cette table est frugale : On y sert ni poissons, ni viande, ni oeufs. (Ces aliments sont toutefois autorisés pour les malades). Chaque nuit, à 3h30 du matin, et sept fois encore au cours de la journée les moines célébrent l'office divin. La grand-messe chantée quotidiennement, forme le centre et l'âme de cette prière continuelle. Le soir, dans l'obscurité de la nef, les mones chantent le solennel "Salve Regina". Les funérailles monastiques sont aussi simples qu'émouvantes. Le défunt, revêtu du grand habit de coeur, est enterré sans cercueil, et une humble croix marque le lieu de son dernier sommeil. (Contribution : Marcel Gousseau).
MARDI 12 MARS 2024: MATHILDE DE TOSCANE ET L'ABBAYE D'ORVAL. TRAVAILLEURS ! TRAVAILLEUSES ! UN ARTICLE SIGNÉ MICHEL COUDEYRE. LA CUISINE ROULANTE DANS L'ARMÉE, DEUX ÉTIQUETTES INTÉRESSANTES DE LA FROMAGERIE LANQUETOT.
fabrication d'éventails à Paris au début du 20ème siècle.
TRAVAILLEURS ! TRAVAILLEUSES ! par Michel Coudeyre.
Nos collections d'étiquettes, et c'est là un de leur principal attrait, regorgent de figures emblématiques. Nos héros historiques ou de fiction y ont la part belle. Les enfants, les ecclésiastiques, les soldats, les sportifs, les amateurs d'activités de loisirs comme la pêche, la chasse, les jeux y trouvent aussi leur emploi. Mais beaucoup d'autres personnages tout autant méritant n'y figurent que trop discrètement.
Compte-tenu de ce constat, je veux rendre hommage ici, une fois n'est pas coutume, à toutes les travailleuses et tous les travailleurs qui n'apparaissent qu'anecdotiquement dans nos albums, et qui pourtant par leur variété contribuent grandement à l'intérêt de nos collections. Il est bien entendu que les métiers liés à l'élevage, à la production du lait et à la fabrication du fromage (gloire leur soit rendue) se trouvent être hors concours et ne sont pas concernés par ces observations. Tous ceux qui s'adonnent à une activité de labeur éloignée de la production fromagère (nous tous en quelque sorte, tout collectionneur travaille ou a travaillé, c'est le lot commun) représentent vous en conviendrez l'immense majorité des amateurs de fromages. Pourtant beaucoup de professions les concernant n'ont jamais figuré sur nos étiquettes. Les métiers les plus récents et les plus contemporains comme par exemple l'informaticien ou le créateur de jeux vidéo n'y trouveront jamais leur place. La grande aventure des étiquettes est désormais derrière eux.
Une anecdote me vient à propos pour illustrer cet article. Sollicité par la Collective des Fromages pour concevoir et réaliser leur publicité nous leur avions vendu le concept suivant : Tous les goûts sont dans la nature, tous les fromages aussi.
Le rôle de la Collective étant de faire la promotion de tous les fromages, il était entendu qu'aucun d'entre eux ne devait être mis en avant ni être représenté. Le sujet étant par nature "Grand Public" le media télévision s'imposa de lui-même. Quatre petits films furent programmés, chacun déclinant le concept, la démonstration devant s'appuyer sur des témoignages "micro-trottoir" sans faire appel à des comédiens rémunérés, ce qui aurait tout faussé. Afin de mettre en lumière l'évidence de l'argumentation, la typologie des personnages les plus divers filmés dans les lieux les plus variés furent déterminés, seules les grandes familles fromagères devraient figurer sur le "packshot" final (plan produit).
Après avoir tourné des séquences à Aix en Provence, à Paris dans différents quartiers, nous tournions sur le marché de Chalon sur Saône en Bourgogne lorsque nous furent intrigués par des ricanements et des sourires en coin émis par nos interlocuteurs et leur entourage. Une âme charitable nous tira d'embarras en nous informant que localement "faire du fromage" signifiait travailler.
L'association du travail et du fromage ainsi réalisé justifiait de facto la teneur de cet article qui en mettant les travailleurs et les travailleuses sur le devant de la scène leur rend en partie justice. Je clos ce chapitre en détournant à notre profit l'expression populaire "Après l'effort, le roquefort" (ou tout autre fromage, chacun choisira le sien).
Voir ici même à la rubrique «à table !» les 4 films de la Collective des Fromages (1978)
Michel Coudeyre, Camembert-Museum, janvier 2024.
Date de dernière mise à jour : 15/03/2024